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DOSSIER - Le sol, un allié invisible encore méconnu À Lyon, un substrat fertile reconstitué in situ

Après criblage, les refus, mottes de terre, pierres et rhizomes de renouée ont été concassés et criblés à nouveau pour atteindre une grosseur maximale de 10 mm.

Aux jardins de Pré-Gaudry, la Métropole a souhaité placer le principe de l’économie circulaire au cœur du projet en réutilisant les matériaux en place.

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Après démolition des anciens bâtiments industriels, les gravats évacués et certaines zones dépolluées, l’ambition de la métropole de Lyon était de concevoir, pour les jardins de Pré-Gaudry, un espace de respiration au cœur du quartier de Gerland, dans le 7e arrondissement. Sur 9 000 m², le projet propose des espaces végétalisés généreux et denses, des lieux équipés de nombreux mobiliers de détente et une grande pelouse centrale.

La Métropole et l’équipe de maîtrise d’œuvre (Ilex et CapVert) ont décidé de limiter la consommation de ressources naturelles en réutilisant des matériaux terreux en place sans apport extérieur de terre végétale. Soit un véritable défi : privés de lumière et d’oxygène depuis des dizaines d’années, ceux-ci ont été rendus stériles. D’autre part, la renouée du Japon avait envahi une grande partie de la surface.

> Lire également : "Le sol : un allié invisible encore méconnu" dossier du Lien horticole n°1148 de septembre 2025.

Préparer le sol : plus d’espace, moins de transports

« L’étude agro-pédologique, préalable obligatoire à ce type de projet, a confirmé sa faisabilité, la texture à tendance limoneuse à limono-argileuse, sur au moins 2 à 2,5 m de profondeur, est tout à fait propice à un processus de fertilisation », explique Maël Camus, chef de projet de l’agence Ilex paysage et urbanisme.

« C’est l’analyse de sol qui nous a guidés, reprend-il, mais aussi la configuration du chantier, car il nous fallait disposer de suffisamment d’espace, la terre enrichie de compost devant mâturer plusieurs mois en andains. Espace indispensable également au traitement de la renouée, la solution proposée par Terideal, qui réalisait les travaux, étant de la traiter in situ par criblage et concassage afin de réduire la taille des rhizomes à moins de 10 mm, selon la norme définie par le Cerema*. Toutes les terres con­taminées ont été excavées sur près de 2 m de profondeur, criblées, puis les refus, mottes de terre, pierres et rhizomes, concassés et criblés à nouveau pour atteindre une grosseur maximale de l0 mm. »

« Travailler sur site plutôt que sur une plateforme extérieure à la ville où on peut entreposer les terres a permis d’éviter près de six cents camions sur les routes. L’intérêt est surtout environnemental plutôt que financier, car le cadencement sur place variait beaucoup en fonction de l’humidité de la terre », précise Aurélien Mondon, ingénieur climat et ressources chez Terideal.

Plusieurs composts de maturité variable

Les deux types de matériaux obtenus, terre fine d’un côté et matériaux plus grossiers de l’autre, ont été remélangés dans des proportions variables à la suite d’analyses physico-chimiques selon leur destination finale : fosses d’arbres, massifs arbustifs ou pelouses. Puis le processus de fertilisation a été réalisé. Celui-ci s’est déroulé en différentes étapes (2021-2022) :
- mélanger au chargeur un compost mature issu de plateformes de com­postage (déchets verts) dans une proportion de 30 % du volume pour créer une structure et engendrer le complexe argilo-humique ;
- disposer ensuite toutes ces terres amendées ou non en tabliers : andains de grande largeur (30 m) et de hauteur réduite (1 m) afin de pouvoir surveiller toute repousse éventuelle de renouées. Les tabliers sont ensemencés d’un engrais vert spécifique pour la prospection racinaire et le stockage d’azote ;
- récupérer les terres au bout de huit mois de maturation par les engins et mise en place définitive. Les différents types de mélanges, avec plus ou moins d’éléments grossiers, enrichis ou non en matière organique, ont été réfléchis à la fois en fonction des strates végétales et des horizons ;
- mettre en place au moins deux mois avant les premières plantations (hiver 2021-2022) un compost non maturé (issu du broyage de déchets verts) sur une dizaine de centimètres, puis un paillage en plaquettes forestières (aubier) sur tous les massifs. L’idée : apporter plusieurs types de matière organique, de différentes maturités, avec des délais de décomposition plus ou moins rapides pour recréer et entretenir un sol vivant et nourrir une large gamme de micro-organismes.

« Nous n’avons pas encore franchi le cap de travailler notre substrat en fonction des espèces, mais c’est un questionnement qui émerge dans nos réflexions sur le sujet », conclut Maël Camus.

*Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement.

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Le sol : un allié invisible encore méconnu

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